Pour le rapporteur néophyte de cette visite qui ignorait jusqu’alors ce qu’est la biodynamie, le jardin de Florence et Yvan a, au premier abord, donné l’impression d’un beau fouillis.
Ici, au "256", pas d’espaces spécifiquement dédiés au potager, verger ou au jardin d’agrément, pas de parterres structurés ni de belles rangées de légumes, les plantes et légumes y mélangent joyeusement leurs fleurs et côtoient moult « mauvaises herbes »…
Des céréales (seigle, blé) poussent entre les pommes de terre, de la phacélie, de l’arroche rouge entre les radis et navets, etc. etc. Partout, un étonnant méli-mélo déroutant !
Jouxtant un hectare de pâturages où paissent chevaux, chèvres, moutons, etc., le jardin qui s’étend sur un peu plus de mille mètres carrés, est pourtant luxuriant. Les végétaux y sont, ma foi, vigoureux et en bonne santé. Et on y trouve une très grande diversité de légumes anciens soigneusement étiquetés.
Dans la superbe serre à tomates, plus de 150 plants cette année de 46 variétés différentes. Dans une seconde serre, une vigne soigneusement palissée, à la végétation contenue mais suffisante pour assurer la photosynthèse nécessaire à la maturité du raisin….
Vous l’avez compris, sous ces apparences de jardin pas comme les autres, de « jardin pas propre », se cache un jardin bien vivant qui après sept années de recherches et d’expérimentations, de gestion bio et biodynamique, a trouvé un équilibre qui permet à la flore et la faune présentes de vivre en harmonie.
Tous deux passionnés de jardinage, Florence et Yvan ont à cœur d’initier leurs nombreux visiteurs aux différentes techniques de jardinage biodynamique et d’expliquer les atouts de leurs pratiques.
Voici quelques principes de base retenus.
– Planter en mélangeant les plantes, oui bien sûr, mais pas n’importe comment, seulement après avoir étudié leurs affinités pour profiter des interactions naturelles, gérer naturellement les pathologies végétales, éloigner les ravageurs, attirer les pollinisateurs, éviter les carences, améliorer le sol, ombrager, tuteurer, etc. ;
- Toujours en exploitant ces affinités, prévoir et organiser la rotation des cultures pour permettre une meilleure utilisation des différentes couches du sol par les plantes à racines plates ou longues ; alterner les plantes qui fatiguent le sol et celles qui le reposent, celles qui l’enrichissent avec celles qui l’appauvrissent, etc.
- Accueillir les insectes au jardin et veiller à semer des plantes aromatiques un peu partout qui seront les gardiennes du jardin biodynamique tout comme certaines fleurs, soucis aux multiples vertus, oeillets d’Inde…
- Maîtriser les maladies et parasites en utilisant des décoctions, infusions et purins d’ortie, de prêle, de consoude, tanaisie, etc.
- Ne jamais retourner la terre pour de pas détruire la vie du sol ;
- Améliorer la structure et la fertilité du sol en épandant du compost : celui d’Yvan combine déchets verts, tontes… au bois raméal fragmenté et litières en guise de matières carbonées ;
- Ne jamais laisser la terre à nu entre les plantations, pailler ou encore semer des engrais verts pour nourrir le sol ;
- Régénérer le sol par un apport de fumier : ici deux superbes chevaux, Manor de Zingaro et Géricault de Versailles, des moutons, poules, oies, canards fournissent une fumure naturelle.
Toujours pour introduire plus de diversité dans leur jardin et apporter un point d’eau aux oiseaux et auxiliaires, Florence et Yvan ont à l’hiver 2015 doté le jardin d’une mare et d’un rucher composé de trois ruches Warré, des aménagements indispensables pour créer des conditions d’équilibre dans un jardin biodynamique.
Le "256" est finalement un jardin très « propre», écologiquement parlant. En témoigne les calices soyeux des coquelicots qui y fleurissent et qui ne cessent de réjouir Yvan.